Écriture inclusive, une ineptie ?

Le masculin et le féminin

Ce n’est pas parce que le masculin ne l’a pas toujours emporté sur le féminin dans la langue française qu’il faut en arriver aujourd’hui à l’écriture inclusive. En tout cas pas dans sa forme condensée des deux genres, avec le point médian.

 

 

La domination des hommes (puisque le sujet se pose là) date sûrement des homo sapiens et les écrits nous montrent que cette autorité progresse par vagues, car on ne peut nier que de grandes femmes ont compté dans l’Histoire.

Depuis la création des universités au XIIIe siècle, finalement, les discours misogynes se succèdent et le légitime combat des femmes ne cessera plus face à l’injustice, le favoritisme et les passe-droits.

La domination masculine se fait par des sermons et des lois qui ont toujours connu des réfutations par de nombreux hommes convenables et des femmes pertinentes. Ce serait très réducteur de penser que tous les hommes imaginent les femmes inférieures, idiotes et incapables.

On ne peut que s’incliner face à ces humains, hommes et femmes, qui se sont battus pour plus d’égalité, de parité, de liberté pour toutes et tous.

 

L’écriture inclusive

Revenons à nos moutons (et brebis, pardon). L’émergence de l’écriture inclusive fait suite à l’entière histoire de l’humanité. Une sempiternelle bataille pour la gent féminine, c’est vrai.

Le souhait est donc de mettre en place une écriture neutre, épicène, non sexiste qui ne placerait ni le féminin ni le masculin au-dessus de l’autre. Parce qu’il paraitrait que la structure de la langue façonne la pensée et l’attitude des locuteurs. Soit.

Que vous soyez défenseur.e.s ou détracteur.e.s de l’écriture inclusive, il faut bien prendre conscience d’une chose ou deux :

 

  • Oui, c’est assez pénible à lire, mais aussi à écrire, pour la rapidité, on repassera !
  • Remanier l’orthographe pour combattre les stéréotypes sexistes et créer une discrimination à la lecture pour une partie de la population, ce n’est pas franchement l’idée que je me fais d’une réforme efficace ! Comment les dyslexiques, les étrangers, les personnes avec des difficultés à l’identification des mots écrits, vont-ils pouvoir s’en sortir ?
  • Et surtout, pour mener à quoi ? J’aimerais comprendre ce qu’apporte cette écriture imaginée par les néo-féministes.

 

À l’école

Hatier avait déjà prévu un manuel scolaire avec ce nouvel apprentissage. Les métiers sont orthographiés ainsi : agriculteur·rice·s, artisan·e·s, commerçant·e·s.

Fini la hiérarchisation des sexes. On se demande tout de même si ce n’est pas une blague quand on connaît la difficulté des enfants à l’entrée au collège pour décoder un texte.

Ce n’est pas moi qui le dis, c’est le rapport Pirls qui place la France trente-quatrième sur cinquante pays en lice, en compréhension de lecture en fin de CM1. Et il s’agissait d’un texte avec un vocabulaire adapté à l’âge des écoliers. Pour l’anecdote, les filles sont meilleures que les garçons dans 48 pays sur 50. Je pense que c’est important de le noter ici. Il ne faut pas que nous nous sentions faibles, n’est-ce pas ?

Dans les conditions d’écriture condensée, quelle est la chance pour un élève — un peu lent, en difficulté, avec des troubles neurovisuels ou dyslexiques (3 élèves par classe) ou encore pour les étrangers — de déchiffrer ces mots avec des points séparatifs entre la racine, le suffixe masculin puis le suffixe féminin et encore un supplémentaire avant la marque du pluriel ?

 

Classement Pirls

La France est avant avant-dernière en Europe (la Belgique et Malte sont derrière nous). Pas de quoi se réjouir et pas de quoi ajouter des difficultés à la complexité d’enseigner et d’apprendre. Ça marche dans les deux sens dans notre société multiculturelle dans laquelle tout le monde doit apprendre à s’adapter à l’autre, dans un échange bienveillant.

Notre jeunesse a déjà pas mal de choses à régler sans avoir à se débattre avec cette nouvelle panoplie militante. Laissons-la un peu respirer.

 

L’écriture inclusive condensée, c’est non !

Je comprends parfaitement que dans une phrase on puisse noter les agricultrices et les agriculteurs pour donner une place aux femmes qui n’ont pas à être supplantées. Mais de là à mettre des points médians dans les mots, jamais pour moi, en tout cas ! En quoi des petits points et des terminaisons imprononçables à l’oral vont-ils régler les problèmes de domination ou des violences faites aux femmes ? Et puis quand j’écris “les agricultrices et les agriculteurs” pourquoi ne pas commencer par le masculin ? On voit bien que c’est une histoire sans fin et qu’il y aura toujours quelque chose à dire, un os à ronger.

Allons, soyons sérieux. De nombreuses femmes ont besoin de nous, et nous devons tout faire pour les aider. C’est aussi ça, la force : la solidarité. Continuons de montrer le meilleur de nous-mêmes, de nombreux hommes nous aiment parce que nous sommes des femmes, et ça, aussi longtemps que la terre tournera autour du soleil, ce sera le cas.

Je crois que ces féministes souffrent d’une pathologie trop… pointilleuse. Dans le sens de chicaneuse, bien sûr. Faire du bruit pour pas grand-chose quand des affaires urgentes les attendent aux quatre coins du globe.

N’oublions jamais que l’Homme domine impunément et douloureusement toutes les espèces sur Terre, et ça aussi c’est un sujet grave. Si l’on devait mettre un point devant tous les noms d’animaux qui subissent la cruauté de l’humain, nous aurions toute la journée le hoquet.

 

24 février 2021

Coralie