Les osmies cornues

Les osmies cornues

Elles annoncent le printemps, les jours meilleurs, les jours plus longs et doux : les osmies cornues, abeilles sauvages, dites solitaires, sont les premières à sortir de leurs cachettes.

Vous avez dit hyménoptères ?

Les hyménoptères forment un ordre de la classe des insectes. Pour faire court, on y trouve les abeilles, les guêpes, les frelons, les fourmis… Et oui, les fourmis font partie du même “genre” que les abeilles, cela étonne toujours les enfants quand je leur dis, lors de mes interventions à l’école (voir Vergil et les insectes).

 

Prems !

Mars. Le mois de toutes les promesses. Le printemps pointe son nez dans les jardins, les insectes, encore un peu étourdis, commencent à voltiger gaiement. Les plus courageux surtout, ceux qui n’ont pas peur des derniers frimas.

Les osmies cornues sont donc les premières de la longue liste des hyménoptères au sortir de l’hiver, à montrer leur frimousse velue. Prems ! Une apocope qui leur sied à merveille !

Dans mon hôtel à insectes, les osmies cornues ont trouvé refuge.

 

Description

Le mâle et la femelle ont une pilosité noire sur la tête et l’abdomen roux. De plus près, on découvre que la femelle porte deux petites cornes (d’où son nom) situées sous les antennes et les yeux, tandis que le mâle possède un toupet blanc sur la face. Facile alors de les différencier !

Pollinisateur efficace, l’osmie transporte le pollen sur une brosse située sur la face ventrale du thorax contrairement aux autres abeilles qui le placent dans des corbeilles situées sur les pattes postérieures.

Elles vivent très peu de temps : une douzaine de jours pour les mâles, et jusqu’à six semaines pour les femelles. Il est donc très important de les protéger et de leur offrir gîte et couvert.

On aperçoit bien les deux petites cornes de la femelle et le toupet blanc du mâle.

De la nécessité d’un hôtel à insectes

Ici, elles se sont installées dans les longs couloirs de mes bûches, percées à leur intention et aménagées dans mon hôtel à insectes.

Leur diapause a duré dix longs mois durant lesquels elles obstruent l’entrée de leur nid avec de la glaise. À cause de l’agriculture intensive, encore et toujours, on les trouve désormais en zone urbaine, pourvu qu’on leur laisse quelques anfractuosités pour s’abriter et nidifier. Si ces abris naturels ou artificiels leur conviennent, plusieurs générations d’osmies pourront y voir le jour. Chaque “couloir” peut contenir plusieurs loges, chacune isolée par un peu de boue. C’est pourquoi on peut apercevoir ces abeilles sauvages gratter la terre pour récolter de quoi colmater l’orifice. L’osmie choisit le sexe de l’œuf pondu, et chose incroyable, elle dépose les œufs femelles, plus longs à éclore, au fond de la cavité, et les œufs mâles à l’avant : ainsi, personne ne se bouscule à la sortie ! La nature est surprenante !

De mars à juin

Jusqu’en juin, c’est le moment de profiter de leur bal incessant. Elles sont capables de voler 14 heures par jour, sans RTT ni congés payés ! Les mâles sont les premiers à sortir et ne pensent qu’à une chose, attendre l’évasion des demoiselles. À peine sorties du nid, à peine les yeux ouverts, les mâles leur sauteront dessus sans autre forme de politesse ! No comment !

Que mangent-elles ?

Dans mon jardin, elles trouveront une partie de leur régime alimentaire : mon immense saule, des trèfles à volonté, les feuilles du framboisier et les tiges de mon forsythia.

Elles aiment le pollen des rosacées, aubépine, rosier, ronce commune, arbres fruitiers, pommier, poirier, cerisier, amandier, mais aussi les salicacées, saule, peuplier et les fabacées, luzerne, acacias, genêt, mimosa, trèfle, glycine, lupin…

Effectivement, quand on installe un hôtel à insectes, il faut aussi penser à planter autour une belle variété de plantes, fleurs et arbustes qui nourriront nos petits protégés.

Espèce menacée

Une de plus parmi les insectes, l’osmie meurt sous les pesticides, herbicides, biocides et autres fongicides…

Quand nous aurons compris que cette première abeille de la saison pollinise les fruitiers et les fleurs précoces, peut-être changerons-nous notre comportement ?

En tout cas, si elle trouve refuge dans mon jardin, c’est que nous n’utilisons aucun produit destructeur de la biodiversité. Donc tout n’est pas perdu ! La sauvegarde de la diversité des espèces vivantes passe par les jardins des particuliers !

Cette petite osmie aime bien les décors de mon hôtel à insectes

 

Pour sauver l’osmie, faites des trous !

N’oublions jamais que l’ensemble du vivant a de la valeur.

Restons bienveillants.

Coralie RAVARY

 

Pour plus d’infos sur les hyménoptères, c’est ici.

Pour plus d’infos sur les osmies, c’est .

Écoles : tous les conseils pour organiser une sortie insectes. Et ici pour des questions rigolotes au sujet des insectes !